Six districts du sud promulguent des règlements communautaires en faveur des droits des enfants et des femmes

Héritées des anciennes organisations claniques, les conventions sociales sont des dispositions traditionnelles au sein des communautés Malagasy destinées à assurer une certaine harmonie et une bonne entente collective. Placées sous l’autorité des patriarches ou des aînés en général, communément appelés Raiamandreny, ces conventions sociales sont encore d’usage actuellement et constituent une première voie de recours pour la gestion de problèmes, de conflits ou d’autres formes d’injustices sociaux, avant de porter les cas au niveau des autorités administratives.

Présent dans le grand sud depuis 2011, SOS Villages d’Enfants Madagascar, à travers ses six centres d’appui communautaire, a pu s’imprégner des modes de vies et des cultures des communautés du sud. Cette expérience a permis de constater la place prépondérante que ces dernières attribuent à certains us et coutumes, croyances et stéréotypes qui ne favorisent pas forcément le développement socioéconomique ni la protection des droits de l’enfant et de la femme.

Avec l’appui financier de l’Union européenne, SOS Villages d’Enfants Madagascar a mis en place un projet portant sur le « Renforcement de la société civile naissante dans le sud afin de promouvoir et défendre les droits de l’enfant et de la femme dans les districts d’Ambovombe, de Tsihombe, de Beloha, d’Ampanihy, de Bekily et de Betioky ». Le respect et la protection de ces droits avec une prise en compte de l’aspect genre a été au cœur des défis du projet. Les activités mises en œuvre ont concouru à cet objectif et plus particulièrement les plaidoyers réalisés au niveau des autorités administratives (des chefs fokontany aux chefs de district) et traditionnelles locales ainsi que les autres acteurs locaux (directeurs d’écoles, délégués de la population au niveau des districts concernés, représentants des forces de l’ordre et des tribunaux…) mais aussi les associations des femmes bénéficiaires et les hommes des localités d’intervention.

Aux termes des deux ans de mise en œuvre, le projet a concouru à la promulgation de règlements communautaires en faveur des droits de l’enfant et de la femme, sur les six sites, au cours du mois de mars 2018, sur les thèmes suivants :

  • le maintien des enfants, filles et garçons à l’école, (sur les six sites)
  • la lutte contre le mariage des enfants (sur les six sites)
  • le droit à une copie d’acte de naissance pour chaque nouveau-né (Betioky)
  • le droit à l’expression des femmes (Ambovombe, Beloha, Ampanihy et Bekily)
  • le droit à l’héritage des femmes. (Bekily)

Le règlement communautaire relatif au droit à l’héritage des femmes est un sujet tabou pour le moment pour les communautés du sud. Néanmoins, à Bekily, les femmes sont convaincues qu’elles devraient pouvoir exercer des activités économiques, à la fois pour leur épanouissement personnel et pouvoir contribuer aux revenus familiaux, Ainsi des activités génératrices de revenus portées prioritairement par des femmes ou des jeunes filles mères sont mises en place. La promulgation de ces règlements communautaires a été le fruit de multiples activités d’informations et de sensibilisations, mais également, des focus group en lien avec les parties prenantes et des dialogues réguliers associant des membres de la communauté, les autorités administratives et traditionnelles locales.

Des mesures ont été définies de façon collégiale au niveau de chaque site pour cadrer les responsabilités et les obligations de chacun pour le respect et l’application des règlements communautaires. A l’atelier de clôture du projet, le 28 mars dernier, à Betioky, les chefs districts ont été invités par le Préfet de Toliara à œuvrer ensemble pour l’homologation de ces règlements communautaires au niveau du tribunal ainsi qu’à leur vulgarisation à d’autres fokontany environnants.

La Direction Régionale de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la Femme (D.R.P.P.S.P.F) d’Atsimo Andrefana, a, quant à elle, précisé que « c’est le projet qui arrive à son terme, mais les responsabilités des parents en tant que premiers responsables du respect et de la protection des droits de l’enfant, seront désormais de plus en plus accentuées ; de même que celles des femmes bénéficiaires du projet et qui devraient avoir une obligation à partager leurs acquis de formations avec d’autres… les hommes aussi sont responsables de leurs familles et doivent avancer ensemble avec les femmes pour subvenir aux besoins familiaux et contribuer au développement de la communauté… ». Le préfet de Toliara a aussi rajouté que « les règlements communautaires ne sont pas des œuvres de SOS Villages d’Enfants mais un achèvement commun de tous pour le bien-être de la communauté ».

Lecture du contenu des règlements communautaires par le responsable de site de Betioky devant les autorités locales invitées à la cérémonie de promulgation et de l’ensemble des communautés des fokontany concernés.

La bénédiction du leader traditionnel durant la cérémonie de promulgation marque l’acceptation de l’application des règlements communautaires au sein de la communauté.

Le rituel du sacrifice de zébu symbolise l’adhésion de la communauté aux conventions communautaires et leur accorde des caractères sacrés gages du respect porté à ces conventions.